Autrefois, on utilisait des organes humains pour fabriquer de la “mummie”, une couleur sépia donnant un glacis merveilleux.
Les peintres du 16e au 19e siècle faisaient macérer des organes humains prélevés sur des momies dans un mélange d’alcool et d’aromates pour en faire un pigment de couleur brun-rouge très en vogue.
Une anecdote raconte que le peintre Drolling, profitant de la profanation des monuments funéraires royaux lors de la révolution, se serait servi des coeurs d’Anne d’Autriche, du frère du roi, du duc et de la duchesse de Bourgogne ainsi que de sept autres coeurs du même rang pour peindre sa toile “Intérieur d’une cuisine”1.
Comble de l’ironie, cette œuvre fut achetée, après la mort de Drolling, par le roi Louis XVIII.
Ce qui est certain, c’est que le coeur du Régent, Philippe d’Orléans, ne fut jamais utilisé par un peintre. En effet, pendant l’embaumement du corps, le coeur avait été placé sur une table à part. Un des chiens du Régent pénétra en coup de vent dans la salle et avant que les assistants horrifiés aient pu intervenir, il avait englouti le coeur de son maître.
1 Les sources concernant cette anecdote sont contradictoires et nous ne pouvons affirmer qu'il s'agit bien de la vérité, mais il reste amusant d'y penser si vous avez l'occasion de voir cette toile.
Wikipedia – Brun momie
Wikiepdia – Louis-François Petit-Radel
SaintDenis-Tombeaux.forumculture.net
Même le Figaro ne s'engageait pas le siècle dernier :
Le sieur Droling, également peintre, acheta les autres [coeurs], parmi lesquels ceux de Marie-Thérèse, de la duchesse de Bourgogne, du Régent et de Mme Henriette d'Angleterre.
[...] Il semble prouvé d'après de nombreux renseignements que le sieur Dröling a employé absolument tout ce qu'il tenait du sieur Radel. Le sieur Saint-Martin parait avoir longtemps conservé intacts les coeurs de Louis XIII et de Louis XIV ; cependant, il finit par se servir d'une légère fraction de celui de ce dernier roi.
L'autre lien remet également en cause l'information.
A la Révolution, selon les uns, [le coeur] fut jeté à la voierie ; selon les autres il fut acheté par le peintre Martin Drolling afin d'obtenir de la mummie [...]
Le Figaro – 11/02/1912 (Premier article)
Anne d'Autriche – Tombes et sépultures
Quelques autres sources affirmant ou infirmant l'anecdote :
Ceux qui y croient
Techno.drome.free.fr
JournalEpicurien.com
Les sceptiques
TubeAEssai.blogs.nouvelobs.com
Ceux qui n'y croient pas
LandruCimetières.fr